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 Un roman d'amour (presque) torride

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Lyrielle Clairfeu
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Lyrielle Clairfeu


Messages : 65
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MessageSujet: Un roman d'amour (presque) torride   Un roman d'amour (presque) torride EmptyJeu 26 Nov - 11:25

Lune d'argent, à la nuit tombée

La nuit était vibrante, épaisse et chargée des senteurs épicés qu’affectionnaient son peuple. Autour d'elle, tout n'était que perfection luxe et volupté et on pouvait aisément se retrouver subjugué par un sentiment de reconnaissance et de paix. Elle approchait de la tour, qui serait le cadre de la fête de ce soir et où il lui avait donné rendez-vous, évoluant pas à pas dans les bras des ombres, guidée par les délicieuses mélodies qui s'égrainaient au fil du vent. Elle ferma un instant les yeux pour s'autoriser à frissonner de plaisir. Cette cité lui avait manqué...
Les notes étaient exquises, elle ne put s'empêcher de fredonner tout en gravissant les marches de cristal qui la mènerait vers le cœur de la tour. Soudainement une voix déchira la nuit, faite de sortilèges et d'un cortège d'instruments conçus pour troubler l'âme aussi bien que la chair. Vaincue, elle marqua un temps d'arrêt et savoura avec un élégant sourire, la troublante alchimie qui en résultait. La main tremblante, elle chancela presque quand une vibration se répercuta contre le mur pour trouver un écho désordonné et parfaitement sauvage dans son être, emplissant son cœur de frissons extatiques.
Un autre chant, plus envoûtant encore écorcha sa torpeur et elle prit sur elle pour ne pas se laisser bercer par l'extase, à moitié titubante. Les réprouvés étaient de merveilleux musiciens mais il y avait un prix à payer. Une sorte de rétribution qu'ils exigeaient et dont ils se nourrissaient disait-on. La moitié des courtisans de cette cité étaient à leur pieds et personne n'avait envie de changer cela.
La transe dans laquelle ils plongeaient leur public aurait pu être dramatique, s'ils avaient été intéressés par autre chose que par leur art.
Elle finit de gravir les marches avec une sorte de frénésie, comme pour échapper à la béatitude. Bientôt des bruits feutrés, des rires et des murmures firent place aux brumes insidieuses des troubadours, et elle sentit qu'elle était sauvée.
La fête battait son plein. Un nuage de soie la séparait des dizaines de personnes qui gravitaient langoureusement dans la pièce centrale. Bien sur il y avait les danseurs et les musiciens et elle inspira profondément pour ne pas flancher en découvrant le chanteur qui ondulait au son des instruments, distillant sa magie.
Un petit rire désabusé ponctua son errance et elle poursuivit son chemin comme dans un état second soupirant presque quand les danseurs et les musiciens cessèrent de jouer, pour profiter à leur tour des largesses de leur hôte. Ils se mêlèrent à la foule avec des bruissements harmonieux et des cliquetis de bijoux étincelants, pour prolonger l’extase de qui le voulait bien. Une nouvelle fois, elle sentit son cœur faire un bond et son sang circuler plus vite dans ses veines, charriant des rivières de feu. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait revu, où pouvait-il être ? Son regard se perdit dans la foule pour la parcourir lentement, comme à la recherche d'un détail à quoi se raccrocher. Les voiles de soie brodés d'or et de joyaux, les plantes exotiques qui distillaient un parfum sans pareil. Les robes et les tuniques des invités, leur masque et leur miroirs... La magie qui était à l’œuvre.
Elle croisa son reflet dans les yeux des courtisans, et se dit qu'elle avait bien choisi ses parures. Tout à coup elle se retrouva sans trop savoir comment, allongée sur une banquette satiné entourée de coussins et de douces couvertures. Et elle n'était pas seule.
Avec un frémissement, elle chercha du regard la personne qui partageait sa couche et elle sursauta presque en découvrant la silhouette qui semblait somnoler à ses cotés les yeux mis-clos. Sa gorge se fit sèche et elle détailla sans vergogne l'allure de celui qui avait capturé sa main pour l'attirer contre lui. L'élégance sans fioritures de sa tunique les bagues liées à sa charge à la citadelle pourpre et à son ordre de magie, la douceur de sa peau...
Il avait les cheveux de la couleur du cuivre auquel on aurait mêlé par pure gourmandise, des fils d'or. Ils cascadaient jusqu'à sa taille comme le voulait la mode chez les nobles et une cercle d'or plus sombre ceinturait son front, pour parfaire un chef d’œuvre depuis longtemps aboutit. Interdite et subjuguée par tant de perfection, elle se perdit volontiers dans la finesse de son corps, suivant d'un œil avide la moindre parcelle de peau dévoilée. Dire qu'il était beau était un euphémisme et elle se prit à croire qu'il était l'incarnation de son univers.
Elle vit sa main s'approcher lentement de son visage pour toucher sa peau scintillante et vibrer de nouveau au son de sa magie. Comme la plupart des invités, elle avait cette énergie qui coulait au cœur de ses veines, irradiant son aura d'une brillance à nulle autre pareille. Elle sentit ses doigts courir sur sa gorge et s'entendit expirer quand il caressa l'arrondi de sa poitrine et qu'il en voulu d'avantage. Comme pour l'inciter à poursuivre sa lente exploration, elle soupira tendrement et glissa quelques mots à son oreille.
Elle vivait un rêve éveillé transie de désir et d’éblouissement... les musiciens avaient regagné leur piédestal, l'assemblée de nouveau sous leur contrôle. La musique avait prit vie, la voix de la soliste était dans tous les esprits, effaçant temporairement toute volonté. Croisant le regard de celui qu'elle était venu trouver, elle rendit les armes quand ils passèrent une porte pour disparaître dans les méandres de la tour.

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