Arrivé à Grom'gol, je dus très vite me faire à la vie locale. En plus de la chaleur et de la rusticité des habitations orques, il fallait compter avec l'humidité étouffante et les myriades d'insectes.
Je troquai donc la robe noire de ma tenue de mage pour des habits plus adaptés.
Avec surprise, je constatai qu'un Sin'dorei habitait les lieux. Un Pérégrin, mais surtout un aventurier, qui s'appelait
Nemeth Oeil-de-Faucon.
Dans les premiers jours de mon arrivée je pus en apprendre davantage sur ce qu'il faisait ici. On l'avait envoyé étudier les peuplades trolles et leurs pratiques magiques que le régime de Lune-d'Argent pensait être d'une quelconque utilité dans la guerre contre les Amanis.
Il m'expliqua que la tribu la plus puissante dans cette partie de la jungle, les Scalps-rouges, avaient pactisé avec des élémentaires d'eau.
Il indiqua aussi que ses travaux lui avaient permis d'acquérir des artéfacts élémentaires, mais que ses connaissances en magie étaient trop limitées pour en tirer profit. Il en gardait depuis quelque temps dans ses affaires, après en avoir expédié certains aux magistères de Lune-d'Argent, mais envisageait de faire don du reste au Reliquaire.
Après avoir écouté le récit que lui avaient transmis de nombreux aventuriers à propos d'une île aux élémentaires,
je lui racontais, pour ma part, comment les magistères nous avaient appris à invoquer des élémentaires d'eau grâce à la magie du givre.
...Peut-être même était-ce grâce à ses propres travaux ?
Je lui demandai alors de me confier une de ces reliques, un "Coeur de Naïas".
Constatant mes compétences en magie de givre et mon intérêt tant pour la civilisation trolle que pour les élémentaires, il accepta, à la condition que je lui rapporte de nouveaux artefacts scalp-rouge.
Il m'accompagna jusqu'à la lisière du campement et me montra le territoire scalp-rouge, que je devais donc prospecter.
Je revins après quelques sueurs froides avec des objets rituels dérobés, que les indigènes appelaient "juju".
Apparemment satisfait, il m'offrit une épée dite "de la magie exotique" issue de ses recherches, ainsi que ce fameux Coeur-de-Naïas.
Il me confia de plus une carte de la région, avec l'emplacement de l'île aux élémentaires.
Le jour suivant, dès le matin, je pris la route vers cette île, puis je dus traverser le chenal qui me séparait de l'île.
C'était une île de sable, plantée de quelques cocotiers... une île paradisiaque, mais effectivement envahie d'élémentaires d'eau...
Je pus repérer assez vite, au milieu de cette étendue uniforme, le monolithe qui était mentionné sur la carte comme "l'autel de Naïas".
L'artefact en main je me dirigeai vers l'autel, évitant les créatures liquides, qui semblaient m'ignorer.
Une fois assez près je pus l'examiner. Quelques gravures tribales l'ornaient, et une brume d'embruns semblait magiquement l'envelopper.
Cette brume se transformait peu à peu en bruine, puis en nuage de gouttelettes qui semblait s'agiter.
Alors que j'approchais le Coeur-de-Naïas de la pierre, de l'eau de mer commença à ruisseler vers le centre de l'autel, remontant de son socle.
Soudain, le sable bouillonna et une vague, qui semblait sortir du sol, se condensa en une boule agitée et prit la forme d'un élémentaire d'eau !
Cet élémentaire me toisait du haut de son autel, comme attendant une offrande ou un quelconque rituel pour le révérer.
Le pérégrin Nemeth m'avait averti que les élémentaires de cette île étaient sous les ordres d'un chef appelé "Naïas".
Il avait précisé que de tels élémentaires tropicaux étaient réputés résister à la magie du givre, leur agitation et leur énergie interne empêchant leur corps de se figer, et donc d'en subir les dégâts.
La créature semblait commencer à s'impatienter, à devenir menaçante.
Je devais réagir avant qu'elle ne devienne un danger mortel.
Il était temps de mettre mon plan à exécution.
Concentrant mes sorts de givre sur son Coeur entre mes mains, je fis comprendre à la créature que je n'étais pas là pour la vénérer...
Elle essaya de bondir de son autel, probablement pour me lacérer avec ses lames d'eau,
et il me fallut redoubler d'efforts pour figer l'énergie volatile du puissant élémentaire qui luisait dans ce coeur.
Heureusement, ma concentration porta ses fruits et je pus encapsuler ce Naïas dans une gangue de glace, afin de finir de le soumettre...
La croûte de glace se rompit bien vite, mais la créature semblait désormais bien plus docile et apaisée.
Je me risquai alors à l'approcher pour lui adresser les quelques mots en Kalimag que j'avais préparé.
"Je serai désormais ton lien vers ce monde, Naïas. Suis-moi. Où je vais tu iras, où je combattrai tu combattras."
La créature répondit qu'elle acceptait l'offre, du moins je le présume, car elle me suit encore.