Orgrimmar, Automne 34Vol'jin se tenait devant le trône du Fort Grommash, debout, écoutant les doléances et recevant les représentants de la Grande Horde, faisant tantôt quelques pas vers la gauche, tantôt quelques pas vers la droite.
Lorsqu'un interlude entre audiences se présenta, un influent Ancien orc à ses côtés lui renouvela ses conseils :"Chef de guerre Vol'jin, tu es notre chef de guerre maintenant, tu devrais t'asseoir sur le siège du chef de guerre, c'est la tradition, et c'est ton droit. Pourquoi restes-tu ainsi à attendre sans cesse debout, alors qu'Hurlenfer est aux fers, au fin fond de la Pandarie ?
- Le siège à Garrosh..."
Le vieux chef troll observa un moment le trône d'un air pensif."Si je m'assois là, tu crois que tes frères Orcs, que les Réprouvés, et que les Elfes de sang, et que les Gobelins, ils vont obéir, comme ça ? Obéir à Vol'jin comme ils ont obéi à Garrosh en son temps... Est-ce qu'y en a vraiment besoin ? C'est qu'une chaise, la chaise pour un chef orc. ... Vol'jin doit-il faire semblant d'être un Orc ?
-Mais, c'est surtout le siège d'un Chef de guerre..."
Vol'jin fixait encore le trône du regard."Bah."
Un grunt chargé d'annoncer les visiteurs depuis l'entrée les interrompit, à l'autre bout de la salle."Le Prophète de l'Ouragan bleu."
Vol'jin se retourna."Jurakkan ?"
Le Chef de guerre fit même quelques pas pour l'accueillir chaleureusement, tandis que le mystique troll s'avançait d'un pas calme dans la grande salle. Il s'exprima au nouveau Chef de guerre en Zandali."Tous mes respects, chef, au nom de Jurakkan et au nom de ceux-qui-suivent Jurakkan.
- Mec ! Te voilà enfin ici à Orgrimmar, Orgrimmar libre ! Regarde autour de toi, ce qu'on a pu accomplir ! comme nous l'avions prédit, comme les esprits eux-mêmes ils l'avaient dit ! Les visions, elles avaient pas menti !
- Le doute, il n'y en a jamais eu, chef.
- Jurakkan. Toi tu as toujours cru en moi, cru en la puissance des Sombrelances. Tu es l'un des seuls à l'avoir clamé, quand tous on croyait devoir la fermer."
Ouragan-bleu paraissait impassible, derrière son masque de sorcier."Merci, merci chef. Mais beaucoup, ils ont rejoint Bwonsamdi dans la mort. Désolé de pas avoir su faire plus que les paroles...
- Mec, les paroles, c'est la volonté des loas. Les armes elles ont pas bougé toutes seules, mais parce que des mecs ont reçu ces paroles. Ma victoire, la victoire des Sombrelances, avec les Taurens, c'est la tienne aussi. Vol'jin il oublie pas. Ta place dans la Horde comme on va la refaire, tu la mérites ! Comme avant...
- Chef, Jurakkan il pense toujours ce qu'il t'a dit à l'époque... Avec Garrosh, quelque-chose il s'est brisé. Les choses elles sont apparues clairement. La Horde il faut la renverser vraiment, la dissoudre peut-être, en sortir, faire autre-chose. La Horde c'est les Orcs. On doit pas devenir les Orcs. Et maintenant, on doit pas leur dire quoi faire en faisant comme si on était leurs chefs, comme si on était des Orcs... Nous autres maintenant, on doit recréer Zandalar. Si tu fais comme font les Orcs, la Révolution elle aura servi à rien. Si tu fais comme ont fait les Orcs, tu te perdras et tu perdras notre tribu..."
Vol'jin ne sourcilla pas devant les paroles obscures du prophète. Il savait depuis des années quelle était la pensée d'Ouragan-bleu et il avait été le témoin de sa rupture avec la Horde. Il savait qu'il avait aussitôt cherché une solution chez des ordres divers, Cénariens, Cercle terrestre, Gobelins de Gentepression, avant de créer sa propre ligue, la voie d'un monde répondant à ses visions."Tu me demandes toujours de venir faire avec toi cette Ligue des naturalistes et des primitivistes ? De laisser la Horde se débrouiller comme ça ?
- Chef, pour les Sombrelances, ça serait la vraie voie de leur grandeur. La sagesse de la nuit des temps, la mémoire d'Azeroth, nous, les peuples trolls, d'éclairer tout le monde !"
Le regard d'Ouragan-bleu s'illuminait alors que l'aura astrale qui l'enveloppait scintillait d'une pluie d'étoiles.
Vol'jin souriait, mais répondit :"Toi-qui-parles au Soleil et aux Lunes, je le dis, oui, qui sait, il y a peut-être de la vérité dans tes paroles. Mais Vol'jin il est Vol'jin : Thrall l'a désigné comme Chef de guerre. Toute sa confiance dans la Horde, il me l'a donnée. Les responsabilités, je peux pas les jeter comme ça. Sans la Horde, qui va empêcher les Réprouvés de partir en vrille ? Sans la Horde soudée, qui va tenir tête aux Humains et à l'Alliance ? Non mec, je peux pas jeter tout ça..."
Ouragan-bleu se retourna vers la sortie."C'est sûr, Vol'jin il est pas vraiment libre. Pas avec tout ça, pas avec l'Alliance, pas avec toutes les menaces qui sont proférées autour de lui pour l'empêcher de faire ce qu'il faudrait. Pas vraiment libre. ...Même s'il sera toujours le chef de tribu pour Jurakkan."
Il frappa son cœur de son poing, avant de saluer Vol'jin avec un profond respect, lequel resta figé, se réservant d'un geste pour le retenir qu'il savait inutile.Ouragan-bleu traversa la grande salle du fort aussi paisiblement qu'il était arrivé, et se retourna une dernière fois."Non... La révolution séparatiste... chef, elle est pas terminée."